Une étude récente révèle que les parents modifient naturellement leur manière de parler en fonction des compétences linguistiques de leurs enfants, utilisant un langage moins redondant à mesure que ces derniers grandissent. Cette découverte souligne l’impact de la perception des compétences linguistiques sur la communication et offre de nouvelles perspectives sur le développement du langage.
Des chercheurs de l’Université Hébraïque de Jérusalem et de l’Université d’Édimbourg, dirigés par le Dr Shira Tal, le Prof. Eitan Grossman, et le Prof. Inbal Arnon, ont exploré comment les parents ajustent leur discours en fonction de l’âge et des compétences linguistiques de leurs enfants. Cette étude se concentre sur le discours dirigé vers les enfants (DDE), examinant si les locuteurs utilisent un langage moins redondant avec des interlocuteurs plus compétents. Les recherches antérieures suggéraient que le discours dirigé vers les nourrissons plus jeunes devait être plus redondant par rapport à celui dirigé vers des enfants plus âgés, dans le cadre de l’efficacité communicative et du développement du langage.
Pour tester cette hypothèse, les chercheurs ont employé une méthode innovante en quantifiant la redondance dans le DDE en utilisant le taux d’entropie, une mesure théorique de l’information qui reflète le degré moyen de répétitivité dans le discours. Le Dr Shira Tal explique que le discours dirigé vers les enfants est souvent décrit comme répétitif, mais que les recherches existantes examinent généralement les différents « ingrédients » linguistiques séparément. Par exemple, il est connu que les parents répètent les mots plus souvent lorsqu’ils parlent à des nourrissons plus jeunes et varient leur lexique à mesure que les enfants grandissent. Dans cette étude, une mesure nouvelle et holistique de la redondance a été utilisée pour explorer à quel point le discours est globalement redondant.
L’étude a analysé des enregistrements de discours dirigé vers des enfants à différents âges pour comparer les taux d’entropie au fil de leur développement. Les résultats ont montré que les parents utilisent effectivement un discours moins redondant lorsqu’ils parlent à des enfants plus âgés, démontrant que la perception de la compétence de l’interlocuteur affecte significativement la redondance du langage utilisé. Le Prof. Eitan Grossman a souligné que cette diminution de la redondance ne reflète pas seulement une réduction de la répétition lexicale, mais est également impactée par une diminution des répétitions de séquences de plusieurs mots, ce qui met en lumière l’importance des séquences plus longues dans l’apprentissage linguistique précoce.
Ces résultats sont particulièrement pertinents pour comprendre comment les apports linguistiques naturels s’ajustent en réponse aux capacités linguistiques croissantes d’un enfant. En utilisant le taux d’entropie comme mesure, les chercheurs ont pu capturer les subtilités de l’évolution des schémas de discours avec le développement d’un enfant, offrant des perspectives précieuses pour des applications théoriques et pratiques dans la recherche sur l’acquisition du langage.
Le Prof. Inbal Arnon a souligné les implications théoriques de ces découvertes, montrant que les bébés sont exposés à un langage adapté à la manière dont ils sont perçus, de la même façon que les adultes adaptent leur langage aux différentes personnes avec lesquelles ils parlent. Cela ajoute également une pièce au puzzle de la compréhension des caractéristiques spéciales des apports à partir desquels les enfants apprennent leur première langue.
Cette étude représente une avancée significative dans la compréhension de l’acquisition du langage et de la nature adaptative de la communication humaine. Elle ouvre la voie à de nouvelles recherches et applications pratiques dans le domaine de l’acquisition du langage. L
‘article de recherche intitulé « Infant-directed speech becomes less redundant as infants grow: Implications for language learning » est maintenant disponible dans la revue Cognition et peut être consulté sur ScienceDirect.
Chercheurs : Shira Tal, Eitan Grossman, Inbal Arnon
Institutions :
- Département de Linguistique et Langue Anglaise, Université d’Édimbourg
- Département des Sciences Cognitives, Université Hébraïque de Jérusalem
- Département de Linguistique, Université Hébraïque de Jérusalem
- Département de Psychologie, Université Hébraïque de Jérusalem