Depuis le 11 février 2016, l’assemblée générale des nations unies a décidé de proclamer ce jour : la Journée internationale des femmes et des filles de science. Afin de célébrer cette journée, j’ai le plaisir de partager avec vous aujourd’hui quelques chiffres ainsi que l’histoire de quelques diplômés et chercheurs de l’Université hébraïque de Jérusalem et leur contribution à l’humanité.
L’augmentation du pourcentage global de femmes à l’Université est assez remarquable, nous sommes passés de 26% en 2016 à 30% en 2020. La majeure partie de l’augmentation du nombre de membres du corps professoral est dans les sciences expérimentales, où la représentation des femmes est en général plus faible. La poursuite de la tendance actuelle devrait amener le pourcentage de femmes dans le corps professoral à 33% d’ici quelques années, et la proportion de femmes au rang de professeurs à 25%. Bien qu’il s’agisse d’une amélioration par rapport au passé, ce n’est pas suffisant. L’administration de l’Université, en collaboration avec une équipe dirigée par la conseillère du président pour l’égalité des sexes et en collaboration avec les doyens de l’Université, prend une série de mesures destinées à améliorer encore cette situation.
Le professeur Dina Ben Yehuda
L’une des plus belles réussites de femmes de sciences à l’université est le Dr Dina Ben Yehuda, chef du département d’hématologie de l’hôpital Hadassah et première femme à devenir doyenne de la faculté de médecine de l’Université de Jérusalem.
Auparavant, elle avait déjà été la première femme à recevoir la plus haute récompense militaire israélienne durant la guerre de Kippour.
Elle a également récemment reçu le Grand Prix de la Fondation Danielle, « adressé aux médecins et infirmiers dont le dévouement et l’engagement sans faille envers leurs patients sont extraordinaires ».
Le Pr. Ben Yehuda, née à Haifa, a décidé dès l’âge de trois ans de devenir médecin lorsque son grand frère, alors âgé de sept ans, a perdu sa lutte contre le cancer.
Mais pour l’anecdote lorsque le Dr Dina Ben-Yehuda a été approchée pour diriger la faculté de médecine, elle a d’abord hésité.
Elle explique qu’elle n’avait aucun intérêt à abandonner la médecine pour l’administration mais ce qui l’a convaincu c’est l’opportunité d’ouvrir la voie à la prochaine génération.
Elle explique qu’elle est absolument ravie de constater qu’une nouvelle génération de jeunes chercheurs sera prête – à terme – à reprendre le flambeau.
Lorsqu’elle choisit les membres de son équipe médicale, ils doivent être les meilleurs dans leur domaine ; mais encore davantage, ils doivent passer ce qu’elle nomme le test des pleurs. Pour la dimension humaine de ce métier, s’ils intègrent le Service d’Hématologie et qu’ils ne pleurent pas, ne serait-ce qu’une seule fois, alors ils ne sont pas acceptés.
C’est pour cela qu’elle est également à l’origine d’une formation aux soins palliatifs sur les campus des écoles d’infirmières, d’ergothérapie et de santé publique. Les soins palliatifs de fin de vie sont une bonne base pour faire l’expérience de la compassion. Il y a donc un cours sur les soins palliatifs, qui est enseigné de la première année à la sixième. Il repose sur la rencontre des étudiants avec des familles qui ont perdu leurs proches. Cela permet aux étudiants de comprendre comment assurer cette mission très difficile qu’ils ont en tant que médecins
Aussi elle a instauré le premier cours académique obligatoire en médecine complémentaire et alternative dans une faculté de médecine occidentale.
Au cours de sa première année en tant que doyenne, le Dr Ben-Yehuda a fait prendre à la faculté diverses directions. Parmi les programmes qu’elle a lancés, il y a plusieurs nouveaux programmes en Israël, dont un en médecine computationnelle et en bioinformatique – une discipline émergente qui utilise des données et des modèles informatiques pour comprendre les maladies. Elle explique que souvent, les médecins, voient deux patients qui se ressemblent et à qui l’on donne le même traitement pour la même maladie. L’un sera guéri et le second ne survivra pas. Jusqu’à présent, si un traitement fonctionne dans 60 % des cas, il est donné à tous les patients. La médecine traditionnelle a une approche universelle. Mais le groupe important est celui des 40 %. La médecine de précision, elle, consiste à comprendre quelle est la différence entre le patient pour qui le traitement fonctionne et celui qui n’y répond pas, afin de donner à ce dernier un traitement adapté. Avec la médecine computationnelle, il s’agit de mieux soigner grâce au big data, de faire des diagnostics plus précoces et plus précis, d’adapter des traitements personnalisés.
Comment déterminer l’unicité de ce patient ? De quoi avons-nous besoin pour développer cette médecine de précision ?
Il faut des bases de données, des scientifiques qui comprennent les mécanismes de la maladie, des techniciens de l’information, des bio-informaticiens qui puissent analyser les données, des experts en médecine computationnelle qui comprennent la maladie et la bio-informatique; enfin, nous avons besoin de spécialistes qui utilisent toutes ces informations pour concevoir des médicaments.
Un double doctorat qui associe science informatique et médecine
Or, notre faculté dispose déjà de tout cela. Nous avons notamment créé, en 2019, un double doctorat qui associe science informatique et médecine; c’est l’un des plus importants au monde.
La faculté de médecine dispose aussi d’une base donnée de plus de 2 millions de patients grâce aux informations collectées par les deux principaux hôpitaux de la ville, celle des caisses de santé et celles de l’armée dont nous formons les médecins.
En tenant compte de toutes les données sanitaires d’un patient et d’informations personnelles comme la couleur de ses yeux, ses loisirs, la possession d’animaux domestiques, on trouvera un autre patient ayant les mêmes caractéristiques et ayant guéri de la maladie, ce qui aidera à déterminer comment soigner au mieux le patient.
Aujourd’hui, l’objectif est de réunir toutes ces compétences sous un même toit en construisant un bâtiment de médecine computationnelle, le projet devrait commencer en avril et nous le devons au Dr Ben Yehuda !
Dr Naomi Habib
Une autre femme qui excelle dans notre université est le Dr Naomi Habib, elle est professeur adjointe au Centre Edmond & Lily Safra pour les sciences du cerveau de l’Université hébraïque. Son laboratoire se concentre sur l’étude des pathologies liées au vieillissement telles que la maladie d’Alzheimer. C’est une pionnière dans le développement d’une méthode unique pour identifier un type de cellules dans le cerveau, les astrocytes qui sont présentes dans le cerveau des souris atteintes de la maladie d’Alzheimer. Elle a trouvé les mêmes cellules chez les souris vieillissantes et dans les tissus du cerveau humain de personnes âgées. Elle a de nouvelles hypothèses à tester sur le vieillissement.
Le Dr Habib a obtenu son doctorat en biologie computationnelle à l’Université hébraïque et a fait sa formation postdoctorale au MIT / Harvard où elle a été impliquée dans le développement de deux technologies transformatrices. Elle a également dirigé le développement de technologies de séquençage d’ARN à noyau unique pour le profilage à grande échelle du cerveau.
Et vous avez surement lu des articles sur elle depuis la pandémie car avec le professeur Nir Friedman ils ont mis au point avec leur équipe un test quatre à dix fois plus rapide et moins cher que le test PCR classique.
Il est basé sur des billes magnétiques et fonctionne de façon robotique et manuelle. Le protocole robotique a déjà été testé à l’hôpital Hadassah et est à présent entièrement opérationnel.
Nous sommes fiers de voir ces femmes….