En septembre, une quarantaine de neuro-scientifiques de haut vol dont 27 brillants étudiants venus du monde entier, se sont retrouvés à Cluny, au cœur de la Bourgogne, pour participer à NeuroBridges 2019, un séminaire de dix jours sur « Le processus de prise de décision ». NeuroBridges est soutenu par l’ELSC (Centre Edmond et Lily Safra de recherche sur le cerveau de l’Université hébraïque), le Centre National de Recherche Scientifique (CNRS), l’Institut de Neuroscience de Princeton ainsi que plusieurs fondations. C’était la cinquième édition de cette rencontre et la troisième qui se déroulait à Cluny, sur l’un des campus de l’Ecole des Arts et Métiers, au pied de la célèbre abbaye bénédictine.
Le lieu n’est pas le seul élément inattendu de ce rendez-vous scientifique. Chaque année, les étudiants inscrits sont, pour la grande majorité d’entre eux, originaires de tout le Moyen-Orient. Ainsi, des Israéliens travaillent aux côtés d’étudiants Libanais, Egyptiens, Iraniens, Palestiniens, Turcs, … qu’ils n’ont, sinon, guère l’occasion de rencontrer. Cette année, il y avait notamment sept Iraniens et huit Israéliens. « Tout le monde a cohabité en très bonne intelligence. Il n’y a pas eu de tensions. Une expérience scientifique et humaine très enrichissante », remarque Arthur Berrou, le seul Français présent. Etudiant de l’Ecole Normale à Paris, ce jeune Breton fait son doctorat à Jérusalem à l’ELSC au sein du programme en neurosciences computationnelles dirigé par le Professeur Yonatan Loewenstein, l’un des organisateurs de NeuroBridges (cf. notre article Un brillant étudiant de l’Ecole normale choisit l’ELSC sur https://www.ffhu.org) « Je me suis inscrit à NeuroBridges car j’étais intéressé à l’idée de faire des rencontres inhabituelles. Et sur le plan scientifique, la confrontation des différents travaux de recherche est toujours intéressante », ajoute Arthur.
Si l’objectif de NeuroBridges est de partager des connaissances scientifiques, c’est aussi, voire surtout, un moyen de créer des rencontres improbables entre les Israéliens et leurs voisins. Ceci dit, les noms et les visages des participants ne sont pas rendus publics pour des raisons évidentes de sécurité – pas question de mettre en danger les jeunes ou leurs familles habitant dans des pays peu démocratiques. « En fait, la recherche scientifique n’est pas l’objectif premier, c’est un prétexte à la création de liens humains », souligne David Hansel, directeur de recherche au CNRS, qui collabore avec l’Université hébraïque de Jérusalem depuis 25 ans et qui est l’un des organisateurs de NeuroBridges. Ce but est également clairement revendiqué par l’ELSC – son site est très clair sur ce point : « Nous pensons que les chercheurs ont également la responsabilité de promouvoir une compréhension commune entre les peuples de différentes nations. (…) Les organisateurs de NeuroBridges sont convaincus que de telles collaborations scientifiques peuvent conduire à des relations personnelles, qui peuvent éventuellement apaiser la détresse politique au Moyen-Orient ». A cet égard, « 2019, était un bon cru », précise David Hansel. « Un bon indice de l’atmosphère est la soirée de clôture. L’an dernier c’était tendu, elle n’avait donné lieu à aucune prolongation. Alors que cette année, le dernier soir, les étudiants n’arrivaient plus à se quitter ! »
Rédaction : Catherine Dupeyron