Une nouvelle étude de l’Université Hébraïque de Jérusalem démontre une avancée dans le traitement des infections résistantes aux antibiotiques chez les animaux grâce à la thérapie personnalisée par phages : une thérapie qui se fonde sur la destruction de bactéries pathogènes par des virus mortels pour ces dernières, mais incapables de nous infecter…
Le traitement a combiné un phage anti-P. aeruginosa spécifique appliqué localement avec de la ceftazidime administrée par voie intramusculaire, entraînant la guérison complète d’une plaie chirurgicale persistante après quatorze semaines. Cela met en lumière le potentiel de la thérapie par phages en tant que solution pratique et efficace pour les infections résistantes aux antibiotiques dans la pratique vétérinaire, avec des implications également pour la médecine humaine.
[Université Hébraïque de Jérusalem] – Une nouvelle étude dirigée par le Prof. Ronen Hazan et son équipe, de la Faculté de Médecine Dentaire de l’Université Hébraïque de Jérusalem, en collaboration avec l’équipe de Vet Holim, JVMV – Centre médical vétérinaire à Kiryat-Anavim, Israël, a montré une avancée dans le traitement des infections résistantes aux antibiotiques chez les animaux. Cette recherche, centrée sur un chat siamois de cinq ans nommé Squeaks, souffrant d’une infection multi-résistante à Pseudomonas aeruginosa après une chirurgie d’arthrodèse, marque la première application documentée de thérapie personnalisée par phages en médecine vétérinaire publiée.
Squeaks, initialement traité au JVMV pour des blessures suite à une chute de grande hauteur, a développé une infection sévère à la patte arrière droite après plusieurs chirurgies. Cette infection a persisté malgré divers traitements antibiotiques pendant quatre mois. Face à une possible chirurgie de remplacement d’implant, l’équipe s’est tournée vers un nouveau traitement impliquant une combinaison méticuleusement conçue d’un phage anti-P. aeruginosa spécifique, un virus qui tue les bactéries, appliqué localement sur la plaie chirurgicale, et de la ceftazidime administrée par voie intramusculaire. De plus, les propriétaires du chat, après une courte démonstration, ont administré la plupart des doses de phages et d’antibiotiques à domicile.
L’intégration de la thérapie par phages avec des antibiotiques visait à cibler le pathogène de manière efficace et directe au site de l’infection, en tirant parti de la capacité du phage à être appliqué localement, ce qui simplifie l’administration et maximise sa concentration au site de l’infection. Cette approche a permis à la plaie chirurgicale, qui était restée ouverte pendant cinq mois, de guérir complètement après quatorze semaines de traitement.
Le succès de ce cas souligne le besoin critique de nouvelles thérapies comme la thérapie par phages pour faire face à la préoccupation croissante des infections résistantes aux antibiotiques, qui affectent jusqu’à 8,5 % des sites chirurgicaux après des chirurgies orthopédiques chez les animaux de compagnie. Ces infections posent non seulement des risques significatifs pour la santé des animaux, mais augmentent également la morbidité, la mortalité et les coûts associés à ces procédures.
Des études récentes suggèrent que la thérapie par phages, déjà montrant des taux de succès élevés en médecine humaine pour traiter les infections orthopédiques et les plaies chroniquement infectées, peut offrir une solution prometteuse pour des problèmes similaires en pratique vétérinaire. De plus, le traitement réussi de ce chat par ses propriétaires à domicile met en évidence la praticité et l’efficacité de la thérapie personnalisée par phages, qui pourrait être étendue pour traiter d’autres animaux de compagnie confrontés à des défis similaires de résistance antimicrobienne. Fait intéressant, contrairement aux situations courantes, ce cas a été réalisé sur un animal basé sur les insights de l’équipe obtenus en traitant d’abord des humains.
L’accueil positif de la part des vétérinaires et des propriétaires d’animaux concernant la thérapie par phages indique une prise de conscience et une acceptation croissantes de cette option de traitement. À mesure que le nouveau traitement continue d’être exploré dans les milieux vétérinaires, il améliore non seulement la santé et le bien-être des animaux de compagnie, mais offre également des données précieuses qui contribuent à l’application plus large de la thérapie par phages tant chez les animaux que chez les humains. Ce pont de données peut améliorer les protocoles de traitement et les résultats pour une variété d’infections bactériennes, changeant potentiellement le paysage du traitement des infections en médecine vétérinaire et humaine.
L’article de recherche intitulé « Thérapie réussie par phages et antibiotiques d’une infection associée à un implant de P. aeruginosa chez un chat siamois » est désormais disponible dans Veterinary Quarterly et peut être consulté à l’adresse suivante : https://doi.org/10.1080/01652176.2024.2350661.
Chercheurs : Ron Braunstein, Goran Hubanic, Ortal Yerushalmy, Sivan Oren-Alkalay, Amit Rimon, Shunit Coppenhagen-Glazer, Ofir Niv, Hilik Marom, Alin Barsheshet, Ronen Hazan
Institutions :
- Institute of Biomedical and Oral research (IBOR), Faculté de Médecine Dentaire, Université Hébraïque de Jérusalem, Israël
- Vet Holim, JVMV – Centre médical vétérinaire, Kiryat-Anavim, Israël
- Tzameret, The Military Track of Medicine, The Hebrew University-Hadassah Medical School, Jérusalem, Israël